Thérapie de groupe (version 2)

"Je suis sorti du garage avec une épouvantable migraine. Je n'en peux plus, je suis vidé de ma substance, je ne suis plus qu'un automate écervelé aux doigts endoloris et aux oreilles sifflantes. Demain c'est le grand soir, la chance de notre vie, le rendez-vous incontournable avec le bonheur, l'événement tant attendu pour fuir la misère tranquille du quotidien majoritaire." dit le premier. C'est un garçon mais qui s'habille comme une fille : une robe, noire comme une chanteuse morte, les yeux maquillés en gothique d'opérette et une écharpe rose, parce que les filles, ça aime le rose. Il est le guitariste et parfois le chanteur.

"Enorme ! 5 titres en première partie des "John Doe et ses poursuivants", le plus grand groupe de hard funk de la région lilloise. C'est tout simplement é-norme ! Il fallait bien 7 heures de répétitions pour les terminer, les peaufiner, pour leur influer notre énergie, leur donner une vie propre qu'il nous faudra capturer à nouveau. Génial !" dit le second. C'est un garçon. Il habillé d'un pantalon aussi blanc que le premier est sombre. Avec sa chemise colorée, on dirait un joueur de pelote basque mais il ne joue que de la basse. Il ne chante pas. Ou alors quand on ne peut pas faire autrement !

"Nous nous avons additionné nos talents et fait exploser nos limites pour atteindre l'absolu. Nous sommes pure énergie. L'incandescence de la jeunesse encore intacte a mis le feu aux guitares et aux percussions. Saint Hendrix, Saint Buckley et Saint Freeze, la trinité divine, nous ont sans doute visités pour y déposer leur grâce !" dit la troisième dans son pantalon façon steack haché avec son tee-shirt jaune comme un oeuf à cheval. C'est la batteuse battante. Elle a oublié les baguettes dans sa loge. Elle chante le plus souvent avec une voix à la fois rauque, puissante, aigüe ... un peu fille-garçon.

"Les portes de la gloire vont s'ouvrir comme une corne d'abondance qui déversera musiques, cris hystériques, drogues, garçons énamourés pour moi, jeunes filles évaporées pour les deux autres." reprend le premier, un rien de provocation infantile.

"Tous les 3 nous sommes in-vin-cibles." s'exclament-ils tous en coeur. Ils rient malgré la fatigue qui peut se lire sur leur visage.

"Tant pis pour ma mère, une petite femme ronde à l'esprit trop carré qui n'a pas voulu me prêter l'argent de ma première guitare." dit  le premier

"Tant pis pour les voisins revêches qui ont tant de fois envoyé les flics dans le garage pour qu'on arrête." dit le second.

"Tant pis pour mon ex, elle était guitariste, partie à cause d'une jalousie inopportune et qui n'a pas senti le vent qui nous portait." dit la troisième

"Nous allons connaitre un fabuleux destin et on vous emmerde !" crient-ils encore une fois ensemble, unis comme les 3 doigts de la main.

"Johnny à table !" lui cria sa mère. Johnny contempla les trois petites poupées volées à sa petite sœur, juste pour l'embêter. Il les cacha sous son lit et se dirigea vers le couloir en sifflotant "Highway to hell".

C'est sûr, quand il sera grand, il sera rock star !

------

L'avantage des versions alternatives des textes publiés dans Paroles Plurielles c'est qu'on peut dépasser les 2000 signes. Ici, il y a 1000 de plus. Evidemment, si j'avais du publier ce texte, j'aurais coupé dedans. C'est toujours un peu mortifère d'enlever des phrases qu'on aime bien.

La réécriture s'est imposée après l'envoi sur le site de PP car je trouvais que le début ne s'accordait pas tout à fait avec la fin et que la photo n'était pas complètement prise en compte. D'où l'idée d'un texte plutôt à trois voix avec des petites touches un peu enfantines. C'est un peu plus dynamique je trouve