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Farfalino
10 décembre 2006

Voyage à Casablanca (3ième et dernier partie)

Bourde
Je sors de la douane. Un homme assez âgé m'attend avec une pancarte où est écrit mon nom. Je m'approche de lui Je suis soulagé, la secrétaire de ma boite a bien fait son travail : le taxi promis, envoyé par l'hôtel est bien là. Après de brèves salutations, je m'excuse pour le retard de l'avion. C'est idiot, je n'y suis pour rien. L'homme ne se présente pas, il a l'air taciturne. Je le comprends, il poireaute depuis longtemps et il est tard. Après un crochet à la banque pour avoir des dirhams, nous nous dirigeons vers le parking où une camionnette nous attend. Je note mentalement que je porte mes bagages. Un jeune homme surgit de je-ne-sais-où m'aide à mettre mon gros sac rouge dans le véhicule. La voix de celui qui est venu me chercher l'éloigne d'une phrase courte, en arabe, sur un ton peu amène. Je monte à l'avant. Il n'y a pas de compteur. L'homme redevient silencieux.

Il le restera pendant les trente kilomètres qui nous mèneront jusqu'à l'hôtel. Aucun dépaysement véritable sur cette autoroute à part les palmiers. Dans les brumes de ma fatigue, je me demande combien va me coûter la course. Nous passons un péage, aucun moyen de savoir combien mon chauffeur paie. Nous croisons quelques stations d'essence, mais aucun prix n'est affiché.

Arrivé dans la ville, l'impression de modernisme européen perdure. Il y a peu de personnes. L'architecture est banale. Tout est écrit en français avec quelques inscriptions en arabe. Toujours aucun prix. J'ai peur de me faire arnaquer.

Nous sommes devant l'hôtel, c'est le bon. C'est un 4 étoiles marocaines, soit un très bon deux étoiles françaises. Je demande un peu craintif à mon chauffeur muet, combien je lui devais. Il me regarde sans me comprendre. Il me demande de répéter. Je lui rétorque, "Vous êtes bien le taxi envoyé par l'hôtel ?". Il me répond par la négative. Alors, je lui demande qui il est. Il me dit qu'il est envoyé par le partenaire qui m'accueille et que le PDG lui a demandé "un service".

Quelle bourde ! Je me répands en excuses et je lui explique qu'on m'avait dit qu'un taxi était envoyé par l'hôtel ! J'ai l'air très très con. Il me dit aussi que demain, on vient me chercher. Après un salut tout aussi laconique, je rentre à l'hôtel.

Je reconnais un passager de l'avion, l'un des rares occidentaux. Il a un problème, sa réservation n'a pas été prise. Je souhaite in petto qu'il n'en est pas de même pour moi.

Après des formalités d'usage, je me rends à la chambre 811. C'est un bel hôtel. Je vais y être bien !

4 jours de travail
Pendant ces 4 jours, je me rends bien compte que mes idées reçues issues de mon séjour tunisien volent en éclats. Je me dis c'était aussi très idiot de ma part : penser que le Maroc serait comme la Tunisie c'est comme dire la France ressemble à l'Italie par exemple. J'y ai vu moins de femmes voilées qu'au marché de Wazemmes ! Celles qui m'ont reçues chez le client final étaient des directrices, habillées en pantalon, avec parfois un foulard très chic. Les bureaux et le matériel sont très modernes. S'ils parlent tous en arabe mâtiner de français, les post-it et la plupart des écrits sont en français.

Mes quelques ballades autour de l'hôtel me confirment mes premières impressions. Certes, dans les bars qu'il n'y a que des hommes, les taxi sont des vieilles mercédès pourries où on s'entasse à 7. La ville est propre et animée. Il y avait plein d'hommes qui attendaient dans la rue. Beaucoup sont des vendeurs à la sauvette ou des cireurs de chaussures. Casa n'est pas touristique. J'ai du mal à acheter des cartes postales que je ne pourrais pas envoyer faute de timbres. Pour me restaurer, autour de l'hôtel, il n'y a que des sandwicheriez et des khebab locaux. Les magasins, à part des bars et quelques "bouis bouis", ne sont que des "arabes du coin". Impossible donc d'acheter la djellaba pour le nouvel an. Je me dis aussi que c'était aussi incongru que si en France, je voulais acheter un habit de bigoudaine. Je goûte néanmoins avec un peu de culpabilité, mes chemises me boudinent, à des gâteaux marocains.

Après deux séjours à Saint-Nazaire, un à Paris, la malédiction de l'Internet dans les hôtels me poursuit. A chaque fois que j'ai voulu m'y connecter de l'hôtel, cela ne fonctionnait pas, bien que le matin je voyais d'autres clients qui étaient sur le poste mis à notre disposition. J'ai pu trouver sans problème un cyber-café où j'ai récupéré avec soulagement mon billet de retour, et j'ai pu lire mes messages.

N'étant pas aventureux, je ne me suis pas éloigné de l'hôtel. Je n'ai pas pu acheter un plan, Je n'ai rien visiter et je n'ai pas pris de photos, n'ayant pas mon pied photo ni de pellicules sensibles.

Toute la semaine, j'étais avec un petit jeune qui débute, tout frais émoulu de l'école. Il n'est pas très causant mais sympathique. Il me suit sans trop comprendre ce que je fais sur les serveurs, il n'est pas formé. Je rencontre le chef de projet initial qui me promet une soirée ensemble, promesse non tenue. Je rencontre par deux fois le responsable de la branche GED : un vrai dirigeant, roublard et pénible. Je suis fatigué, je dors très mal, je fais des cauchemars et toute la journée, je dois être concentré.

Le denier soir, j'ai un peu le blues, j'aurais du être au photo club, j'aurais du dormir dans mon lit avec mon compagnon. Là-bas, je ne suis qu'un étranger et, sans compter la blancheur de ma peau, chacune de mes paroles trahit mes origines. Il y a un peu de mépris dans leurs regards quand je refuse d'acheter deux parts de gâteau au lieu d'une, ou un supplément de frites.

Je n'aurais pris que 3 photos, le matin, de ma chambre.

Le chauffeur revient me ramener à l'aéroport. J'essaie de le faire parler, j'apprends tout de même qu'il s'occupe du "magasin", le partenaire vend aussi du matériel.

Je repars soulagé et content d'avoir réparé les bêtises du partenaire. Mon voisin de trajet s'est enfermé en lui avec sa clef MP3, je ne connais même pas le son de sa voix.

Il fait froid et il pleut à Lesquin. Bienvenue dans le nord de la France !

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