Premières retrouvailles

Avec la libération du site "mes copains d'avant" et le succès grandissant de sites relationnels comme "Viadeo" je suis rentré en contact avec un certain nombre de camarades de classe de la période du collège et du lycée.

Très vite, à chacun, j'ai révélé mon orientation sexuelle avec à chaque fois un peu d'appréhension. Des traces de culpabilité et de honte flottent encore dans les recoins nauséabonds de ma pensée. Jusqu'à présent, les réactions ont été indifférentes à part une qui ne m'a pas réécrit.

Dans chaque échange, nous avons évoqué les remous parfois tumultueux qui ont peuplé nos vies. Je retrouve la complicité que j'avais avec certains.

J'ai déjeuné avec l'un d'eux. C'est lui qui m'a écrit. J'ai pu mettre un nouveau nom que j'avais oublié sur un des visages d'enfant de la photo de classe postée par une copine d'avant. Nous n'étions pas particulièrement amis à l'époque. Je n'attendais pas grand chose de cette rencontre.

Nous avons raconté nos vies, nous nous sommes donnés des bribes de nouvelles des uns et des autres que l'on croise au hasard des rencontres. Je ne lui ai pas dit avec qui je partage ma vie. Cela avait été facile à partir du clavier, cela reste plus compliqué les yeux dans les yeux. Il m'a dit avoir visité le site "Copains d'avant" s'il y a vu la photo de mon compagnon il n'en a pas parlé, il attendait peut-être que je le fasse. Il a eu juste une réflexion "j'ai changé, je suis devenu plus souple  avec le temps, mes certitudes péremptoires d'adolescents se sont estompées". Passé l'aspect des cheveux grisonnants, les traits un peu empâtés, la peau moins éclatante, moins lisse, froissée peut l'être la vie d'un quadragénaire, j'ai retrouvé un sourire et des mimiques que je connaissais bien en fin de compte. Je ne sais si on se reverra. J'ai passé un bon moment.

Et puis il y a Guy. elui de ma première histoire pornographique. Evidemment, je ne la lui raconterai jamais. C'était mes fantasmes, pas les siens. Je dois le rencontrer prochainement mais je fais trainer un peu.

Une de mes anciennes copines n'a pas été surpris par ce que je lui racontais. En fait, moi non plus. Tous ces quart de siècle ne me surprennent pas : ils ont suivi une trajectoire largement prévisible à l'adolescence. Je ne tirerais pas de généralité tout de même, je n'ai eu qu'une demi-douzaine de contact. Je sais que l'un d'eux est devenu un loque droguée. C'était évident déjà à l'époque qu'il pourrait finir comme cela.

Et moi ? Je ne suis pas mieux que les autres. Quelqu'un de moyen qui a une vie moyenne.