J'ai la mémoire qui flanche

Deux noms ont récemment surgi de mon passé mais ils n'ont rien évoqué sur le moment sinon une vague familiarité. Il a fallu que je fouille, que je creuse, que j'explore la couche déjà épaisse des années mortes pour exhumer un visage, des souvenirs à leur rattacher.

L'un était un camarade de classe qui cherchait du travail et pensait intégrer ma boite.  L'autre était un camarade de jeu de rôle avec qui je déjeunais régulièrement, en tout bien tout honneur.

Etant honnête, j'ai dis au premier que son nom ne m'évoquait pas grand chose. J'imagine combien cela a du être vexant. Nous avions passé de nombreuses heures à faire de l'informatique au collège, au lycée et que nous nous croisions régulièrement à la fac ou dans le bus. Le site de "Mes copains d'avant" m'a appris qu'il était marié, qu'il avait trois enfants, son profil ne correspondait pas trop au poste à pourvoir, qui nécessite en plus de nombreux déplacements. Je l'ai donc dissuadé de postuler. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis.

Le second a rencontré aujourd'hui un des commerciaux dans le TGV. Sur le moment, son nom me rappelait un collègue mais je me trompais car je n'en ai trouvé aucune trace dans la base des employés. J'ai cuisiné le collègue et j'ai pu faire le lien avec la bonne personne; il est fan de rugby. J'ai honte car, il y a quelques années, en 1999 je crois, il était parti avec femme et bagages dans le sud. Je n'étais pas allé à la petite fête de départ, j'ai prétexté de la fatigue. C'était vrai en quelque sorte. J'étais en pleine dépression, je traînais une grippe depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. C'est un regret assez amer. Je ne sais pas si je vais lui écrire. Pour lui dire quoi ? S'il vient dans nos locaux, je le rencontrerais avec plaisir. En tout cas, je ne me laisserais pas faire par le commercial qui veut se servir de moi pour vendre notre soupe.

Je ne suis pas fidèle en amitié. Je m'en veux. J'accepte sans trop de regrets que les relations et les centres d'intérêt se font et se défont, au gré des méandres parfois tumultueux de la vie. Je suis toujours heureux de croiser les uns et les autres, de les savoir en vie, pas trop cabossés par les coups du sort; je l'ai déjà dit dans une autre billet.

Je pense que l'année dernière a été l'occasion de rompre définitivement certaines relations : mon ami lyonnais, mes anciens copains de jeux de rôle, l'ami rennais ... Et puis ça fait presqu'un an que je n'ai pas vu Stéphane et Fred. Je n'ai pas été là quand Stéphane a eu son grave accident de cheval et sans doute un deuil important. J'ai honte.

L'année dernière, je dirais presque que j'ai fait place nette mais comme m'a dit mon psy ce midi, il faut faire attention à l'isolement qui nous guette.

"nu est le dos sans frère" (proverbe ténébran)