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Farfalino
19 mars 2007

Promotion ?

11326287 « Il faut que je vous dise... J'ai menti ». L’homme qui avait laissé tomber cette phrase restait concentré sur la route qui défilait à bonne allure. La passagère resta silencieuse. Le soleil était chaud et la nature resplendissait en ce lundi de printemps. « Nous n’irons pas chez ce client. J’ai mieux à vous proposer ». L’homme laissa défiler deux dizaines de platanes pour ménager son suspense. La femme ferma les yeux éblouie par le soleil qui lui caressait la joue.

- Je connais une très bonne auberge, près d’un petit lac, à quelques kilomètres d’ici. On y sert un fabuleux gibier. Après, nous ferons une promenade en barque. Nous oublierons que je suis votre président, vous oublierez que vous êtes ma secrétaire.
- Et vous oublierez votre femme ?

Le ton était léger, presque joyeux. L’homme sourit. Il reconnaissait là cette franchise et ce ton direct qu’il appréciait. Sa nouvelle collaboratrice était belle, volontaire et efficace. Il savait quoi lui répondre, il avait l’habitude. Sa femme et lui n’étaient plus un vrai couple depuis plusieurs années. Ils vivaient leurs histoires chacun de leur côté. Ils préservaient l’apparence d’un couple uni, par convenance, par intérêt économique et pour leurs enfants.

Le conducteur ralentit car une flèche en bois indiquait « l’auberge du lac vert » à droite. Il arrêta le véhicule sur le bas-côté.

- Alors nous continuons tout droit ou nous prenons ce chemin de traverse ?

Le regard de la jeune femme se perdit au loin dans cette campagne vallonnée. Elle connaissait la réputation du patron. Elle n’avait pas été dupe du but réel de ce déplacement. Il était bel homme et avait beaucoup de prestance ; être dans ses bras ne serait pas désagréable. Mais ses parents lui avaient appris la droiture et l’honneur dans la pauvreté. Allait-elle prendre le risque d’être l’éternelle « autre femme », la caricature de la secrétaire amoureuse de son patron ou allait-elle accepter ce moyen pour accélérer son ascension sociale ?

La voiture s’éloigna tranquillement dans un nuage de poussière.

Ce texte a été écrit pour la consigne 42 de Paroles plurielles. L'incipit doit être « Il faut que je vous dise... J'ai menti ». J'avoue ne pas avoir été emballé par la photo. C'est amusant de constater que les premières idées que me sont venus sont très éloignées de celle-là. Je m'étais mis au clavier dans l'idée juste de défricher une autre idée mais rapidement ce texte a coulé de mon clavier. En plus, il a eu le bon goût d'être dans les 2000 caractères (ou presque) maximum possibles.

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Commentaires
Y
La fin reste ouverte... mais me laisse moins sur "ma faim". (Elle n'aurait pas encore changé, d'ailleurs, depuis mon dernier passage?)<br /> J'aimais moins "Pourrait-elle accepter de se perdre de vue dans les scintillements des bijoux et l'écrin des fourrures? Avait-elle l’envie de se retrouver au chômage ou d’être le larbin d’une femme moins farouche?"<br /> Mais j'aimais "Elle soupira".<br /> Il aurait mieux valu ne pas voir les deux version? Entre celle de Paroles Plurielles et celle-ci, celle-ci est ma favorite.
F
Si la forme est différente, le sens est le même, on ne sait pas quelle direction elle pointe du doigt. On ne connait donc pas ce choix.<br /> <br /> Merci pour ton appréciation concernant mes photos.
Y
Bonjour Farfalino.<br /> Je me trompe, ou bien la fin est différente de celle postée sur "Paroles Plurielles"? D'ailleurs, il me semble la comprendre ici, alors que là-bas, je restais perplexe.<br /> <br /> Non, la photographie n'est pas un art mineur, je suis bien de ton avis. D'ailleurs, j'ai visité rapidement quelques unes de tes galeries, et j'ai bien apprécié le coup d'oeil.
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