Voyage à Casablanca (2ième partie)

Le voyage

J'essaie de m'intéresser aux images glacées de la propagande publicitaire délivrée par la compagnie de charter. J'aurais bien agressé l'hôte de l'aire, le steward, charmant d'ailleurs, qui vient de passer avec un plateau de sandwich. Je me dois de prendre mon mal en patience. Mon voisin fouille dans un sac en plastique "ED" et en sort une plaque de Crunch. Peut-être parce que j'exhibe une famine dévorante et goulue, le jeune homme affable m'en propose un morceau. Un reste d'être humain urbain me pousse à refuser poliment.

"Vous allez au maroc pour affaires ?" me demande-t-il une fois disparue la moitié de la plaque de chocolat. La conversation s'engage et je repose le livre publicitaire dans le siège en face de moi.

Il doit avoir entre 22 et 25 ans tout au plus. Pendant le dîner tant attendu, j'apprends qu'il a vécu dans le 92 et depuis quelques mois, habite dans le 93. Après des études d'histoire, il bifurque en BTS de commerce international. Il doit faire deux stages dont un, dans un pays francophone. Ses parents vivent dans un village proche de Casablanca, le Maroc étant francophone, il a réussi à faire son premier stage aux douanes pendant 5 semaines. Le second stage se passera en amérique latine plus tard. Nous parlons de mon travail, de notre échec dans l'international, de la situation du Maroc, de ce qui m'attend à Casablanca, d'écologie et d'économie durable. Le voyage me semble court. La conversation est agréable et enjouée.

Nous arrivons à la douane, je passe en premier. Je l'attends quelques instants au tapis roulant qui dégueule les sacs et les valises. Je ne me voyais pas partir sans le saluer.

Il me rejoint. Je vois mon sac en premier. Nous nous saluons cordialement.

Je m'éloigne à la recherche du taxi qui, d'après la secrétaire de la boite, a été envoyé par l'hôtel. J'espère qu'il aura eu la patience d'attendre l'heure de retard.

Nous n'avons même pas échangé nos prénoms !