Noir Désir, un retour possible ?

Quand on a annoncé que Marie Trintignant avait été retrouvée dans le comas, frappée par Bertrand Cantat, j'ai été comme beaucoup de monde abasourdi. D'autant plus, que j'aimais beaucoup Marie Trintignant et Noir Désir était pour moi le plus grand groupe de rock français. Mais il est vrai aussi, que l'un et l'autre n'étant pas abonné aux magazines "people", et n'étant pas constamment sur les plateaux de télé, je connaissais peu de leur vraie vie.

Quand Marie Trintignant est morte, et la polémique a été allumée sur le thème "Je jette tous les disques de Noir Désir", je me suis fait la réflexion que si on devait jeter les disques de tous les salopards qui en font et qui nous plaisent, nos discothèques seraient bien vides. Certes tous ne sont pas des meurtriers. Je me suis rappelé d'une phrase qui concluait l'album "Non homologué" de Jean-Jacques Goldman, "Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent". Autrement dit, l'intérêt pour l'oeuvre dépasse celui pour le créateur, et c'est valable dans tous les arts, à mon sens.

Alors ... je n'ai pu vraiment écouter à nouveau des chansons de Noir Désir que plusieurs mois après, par respect pour Marie Trintignant. Aujourd'hui, je n'ai aucun problème. Ils sortent un double live, je vais sans doute l'acheter. Ce qui n'empêche pas de penser à elle, et aussi de penser à sa famille plongée dans un drame affreux. Mais, Noir Désir n'est pas seulement Bertrand Cantat, et les chansons du groupe n'ont pas de lien direct avec ce qui s'est passé.

Je sais que le temps fait son oeuvre, les interview que j'ai lues montrent qu'il y aura une suite, sous des formes différentes peut-être. Si on peut pleurer Marie Trintignant, on peut aussi souhaiter que Bertrand Cantat sublime son geste (au sens psychanalytique), et se reconstruise. N'étant pas adepte de la loi du "Talion", il a le droit au pardon, et à la rédemption (et je ne suis pas catholique !). Et espérons que ce sera pour notre plus grand plaisir.