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Farfalino
6 juin 2012

L'excellence

Seal_of_ExcellenceLe tintement des cloches de Big Ben le sortit de la torpeur dans laquelle il baignait. L’alarme de son téléphone portable lui rappelait que le temps des ablutions était terminé. Les crèmes, le rasoir et la brosse à dents lui rendirent son visage d’apparat, impeccable, sérieux, avec un léger hâle de jovialité. Le coiffeur de l’hôtel, un jeune homme à son goût, arrangea ses cheveux plus sel que poivre dans une coiffure distinguée et dynamique. Le smoking et les chaussures vernies lui donnèrent la prestance indispensable à son art. Un nuage de parfum compléta le tout. Ce soir, il serait fidèle à sa renommée. Il éblouirait les spectateurs et ses confères par sa virtuosité. Il aurait pu être blasé mais chaque représentation l’excitait et le rendait fébrile.

Il traversa la ville dans la limousine de la production sans y prêter la moindre attention. Il ne pensait qu’à l’instant magique où il jouerait sa partition.

Le directeur du théâtre en personne, tout en courbettes et en onctuosité, l’accueillit et le mena à sa loge. Le musicien y trouva une bouteille de son eau plate favorite et une autre d’un vieux cognac qu’il dégusterait quand il en aurait fini. La vague silhouette d’une coiffeuse vint lui donner un dernier coup de peigne alors qu’il entrait en lui afin d’y puiser toute l’énergie nécessaire.

C'était l’heure. Son excellence lui permettait de n’être dérangé que pour la dernière mesure de l’œuvre.

Il monta sur scène le plus discrètement possible alors que la sublime musique remplissait la salle, les oreilles et les âmes. Il s’approcha de son instrument qui brillait sous les projecteurs. Cet objet faisait partie de sa vie depuis plus de trente ans. Il en connaissait chaque irrégularité, chaque reflet, chaque sonorité.

Il le prit en main avec délicatesse et fixa le chef d’orchestre pour suivre ses mouvements jusqu’au moment fatidique. Les cuivres se turent, les cordes s’évanouirent, les hautbois restèrent muets. Le musicien s’arrêta de respirer et, sur l’injonction du chef d’orchestre, avec toute sa maestria, frappa le triangle de sa baguette de métal d’un seul et unique coup. Ding !

La note produite s’envola comme une plume aux couleurs vives, cueillant l’assemblée dans une ultime sensation. Un point final magistral !

Paroles Plurielles, site d'écriture en ligne auquel je participais me manque. Après une longue nouvelle, j'avais envie d'écrire un petit texte court. Je me suis rappelé d'une idée saugrenue d'un de mes anciens amis. Cela m'a amusé, j'espère que vous aussi.

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Commentaires
F
Loin de moi de me moquer des triangulistes :)<br /> <br /> Sympa cette vidéo. Ca me donne envie d'en faire une sonnerie de téléphone :))))
D
Un trianguliste qui est la plus part du temps percussionniste (qui joue donc aussi d'autres instruments) est un vrai musicien qui doit savoir lire la musique, jouer sa gamme sur cet instrument, le faire en son étouffés ou en son clairs et avoir la patience d'attendre et de compter un nombre énorme de mesures avant de taper sur son petit truc. Et ça c'est une difficulté de se placer pile au bon endroit au bon moment.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=GvSS6_eDHiE (juste pour la performance.)<br /> <br /> Après j'ai bien compris que c'est de l'humour hein ^^
F
désolé mais cela n'aurait pas été aussi absurde :)
D
J'adore la chute lol c'est con tsss je m'imaginais un piano (surement par ce que j'en joue) bref...
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