"Comme les autres" par Vincent Gareng
Résumé : Emmanuel et Philippe vivent le parfait amour depuis quelques années. Emmanuel est pédiatre, impétueux, irréfléchi, passionné par son travail, avec trois neveux, et Philippe est un avocat, calme et posé. Emmanuel veut être père, et a engagé en secret une procédure d'adoption mais Philippe ne veut pas, il veut continuer leur vie faite de petits plaisirs, de sorties, sans s'encombrer d'un enfant. N'étant pas sur la même longueur d'onde, Philippe s'en va. La procédure d'adoption échoue. Au hasard d'un accident, Emmanuel rencontre Fila, une sans-papier argentine et lui propose de porter son enfant contre un mariage blanc. Après un refus, elle accepte. Elle aurait du être une simple mère porteuse mais elle tombe amoureuse d'Emmanuel ...
Sur un sujet comme celui-ci d'autres films comme la bouse putassassière "Pédale Douce"* "Pédale dure" se sont enlisés dans des clichés pas drôles et caricaturaux.
Les personnages principaux sont Emmanuel incarné par Lambert Wilson et Fila incarné par l'excellente Pilar López de Ayal. Le personnage de Philippe est plus en retrait et les seconds rôles très réussis, surtout Anne Brochet, très drôle et très touchante en fille à pédé paumée. Les deux homos sont des bobos friqués, ils vivent à Belleville, cultivés, très loin de la caricature de folasse libertine. Des gens assez ordinaires en fait, voire parfois dans une caricature inverse. Lambert Wilson est crédible et n'en fait pas des tonnes, Pascal Elbé est très en retenue. La jeune actrice espagnole est épatante de fraîcheur et on sent que le feu couve sous la douceur de son sourire.
J'ai trouvé que l'histoire était bien racontée et bien menée et le sujet bien traité car très documenté, crédible et inspiré de la vie réelle. J'avais peur d'un mélo sirupeux ou d'une aventure de folles, mais il n'en ait rien. On rit quand même pas mal, les scènes de casting sont toujours très comiques, Emmanuel est très maladroit, et les situations avec Anne Brochet sont très drôle. Ce n'est tout de même pas la grosse poilade non plus. Le film est une comédie romantique assez fine.
Peut-être que la mise en scène est un peu plate mais je ne suis pas spécialiste.
Il y a eu une avant-première avec le réalisateur, le producteur, Lambert Wilson (toujours très classe) et Pascal Elbé (très drôle). Les questions étaient assez classiques. Ce qui est touchant c'est que le film est porté par des hétéros (encore que pour Lambert Wilson, on ne sait pas trop) dans le but de poser des débats, sur les mères porteuses, les adoptions par les homos. Le réalisateur voulait faire un documentaire au départ suite à des discussions qu'il a eu avec un ami d'enfance : on sent son travail car le ton et les situations sont toujours justes.
On leur a reproché que les scènes de couple homo n'étaient pas assez torrides. Les justifications du
producteur et du metteur en scène lors de l'avant-première à Lille sont
convaincantes : le couple existe depuis plusieurs années, ils ont
quitté la passion frénétique des débuts, une scène d'amour appuyée, un peu systématique dans un film homo, n'aurait pas sa place même si quelques uns en auraient bien été émoustillés. La scène d'amour hétéro est plus en longueur et est justifiée d'un point de vue scénaristique.
Les acteurs et le réalisateur aimeraient faire une suite,
car le plus dure reste à faire : il faut faire du bébé une personne élevée par deux pères dans un monde où l'homophobie et les réticences sont
encore trop présentes.
Le film et le débat qui a eu lieu après, me font poser des questions par rapport à mon couple où mon compagnon voudrait sans doute des enfants et alors que moi pas du tout. Pour l'instant le sujet est clos ... pour l'instant.
(*) erreur de frappe même si "Pédale douce" n'était pas top, c'était au moins très drôle parfois ...